Alicia Keys - "The Freedom Tour" Review
Au mois de février dernier, la new-yorkaise a donné le coup d’envoi de sa dernière tournée à Ottawa au Canada. Après l’Amérique du Nord, « The Freedom Tour » a entamé son étape européenne à Lisbonne au Portugal le 29 avril 2010. Lundi soir dernier, Alicia Keys s’est arrêtée au Hallenstadium de Zurich pour le plus grand plaisir de son public suisse.Article publié sur reprezent.chLors de ses précédentes tournées, Alicia Keys offrait des performances axées sur ses talents de pianistes et ponctuées d’interludes où ses danseurs (et parfois elle-même) apportaient la touche hip-hop qui reflétait l’équilibre des genres musicaux présents dans ses albums. « The Freedom Tour » incarne, quant à lui, le virage musical et scénique qu’a pris Alicia Keys. Beaucoup moins soul et plus inspirée de la pop des années 80, la performance donnée à l’Hallenstadium dévoile une chanteuse qui semble se chercher.
C’est sur une vidéo projetant des images de guerre, de révolte, de bombe et de misère que le concert est lancé. Alicia Keys apparaît alors à l’écran, donne un discours où elle condamne le manque de confiance qui règne autour de nous ; le monde nous pousse à oublier nos rêves, Alicia Keys nous pousse à y croire, lance un appel à la liberté, au rêve, au courage d’assumer ces rêves et nous invite à trouver « The Element of Freedom » (ndlr : le nom de son album qui signifie « l’élément de la liberté »).
Le discours finit, l’écran disparaît pour laisser apparaître Alicia Keys, enfermée dans une cage chantant le titre « Caged Bird » de son premier album, « Songs in A Minor ». Ce n’est qu’à la fin du deuxième morceau, « Love is Blind » qu’elle sort de la cage pour jouer « You Don’t Know My Name » et une nouvelle version de « Fallin’ ». D’habitude, c’est derrière son piano qu’Alicia Keys donne une performance pleine de soul et d’émotions de ce morceau. Cette fois-ci c’est derrière un clavier aux sonorités électriques qu’elle a joué une version épurée et plus expérimentale de ce titre.
Durant le reste du concert, Alicia Keys a offert une sélection de titres variée, issus de ces quatre albums studio et a également repris le très rock « Another Way to Die » (duo avec Jack White des White Stripes sorti en 2008 pour la bande originale du dernier James Bond). Tantôt derrière son piano donnant des interprétations intimistes de ses compositions (on retiendra d’ailleurs l’émotion dégagée sur « Pray for forgiveness »), Alicia Keys a surtout donné une performance axée plus sur la mise en scène que sur la spontanéité et l’improvisation musicale. Néanmoins, le piano n’est jamais loi. Qu’il soit électrique ou à queue ou qu’il ait des sonorités classiques ou expérimentales, l’instrument clé de l’artiste est une pièce centrale de sa carrière et malgré le fait qu’il soit moins présent sur cette tournée que sur les précédentes, il revient toujours sur le devant de la scène. En effet, après les démonstrations de danses et les mises en scène du début du concert, Alicia Keys prend place au piano pour offrir un final digne de ses habitudes ; après « If I Ain’t Got You » et « No One », l’artiste revient pour un rappel rendant hommage à sa ville natale, New York, avec « Empire State of Mind (Part II – Broken Down).
En somme, un show à l’Américaine bien rodé qui a ravi les fans du genre et qui a quelque peu déçu les amateurs de l’Alicia Keys qu’on a découvert en 2001 avec son premier tube, « Fallin’ » et qui auraient aimé voir une performance plus simpliste, loin des dictas des performances trop bien rodées que les stars américaines ont l’habitude de donner. Cette tournée semble donc marquer un tournant dans la carrière de la New-Yorkaise. Sans pour autant perdre la qualité musicale de la performance, Alicia Keys semble désormais vouloir offrir à son public un spectacle alliant émotion, danse et mise en scène et digne des plus grandes performeuses du genre.